Du matin au soir nous entendons clamer ceux qui sont droits dans leur bottes…
Un peu de souplesse nous ferait tant de bien. (Un peu de fraîcheur. Beaucoup de contemplation.)
La prochaine fois que vous irez vous promener à la capagne, ne soyez pas embarassé par votre identité de citadin. Gardez-la aussi intacte que votre curiosité.
Je vous invite à rencontrer une jeune femme qui, même lorsqu'elle se met toute nue au beau milieu de la nature, garde ses bottes.
Elle est venue passer une semaine de vacances dans la maison que lui prête sa collègue. En plein Morvan, hors saison, elle ne risque pas de rencontrer beaucoup de gens. Quelques voisins, des commerçants. Ils vont quand même lui raconter d'édifiantes, de terrifiantes histoires sur le lieu. Faut-il qu'elle sache si l'ancienne propriétaire a été assassinée ? Elle peut entrer dans le roman gothique. Ou dans le polar.
Ici, les mystères ne sont pas réservés aux oiseaux, aux arbres, à la lumière. Le mystère est dans le regard neuf que porte Sybille sur le monde et les êtres qu'elle découvre. Peut-être à cause de son nom ; elle fait oeuvre de divination, loin de toute prétention spirituelle. Le lecteur peut penser qu'il entre dans le roman buccolique. Que la pastorale pousse du coude.
Dans une narration remarquablement construite, très subtile, l'auteur développe une esthétique de l'orée, de la limite ; presque gracquien, poétique, presque naturaliste, classique, Sanglier se veut une exploration bien davantage qu'un jeu de pistes.
Quelle aventure que cette première aventure d'un écrivain ; soyez nombreux à l'entreprendre.